Table des matières
IBM, Intermission Body Mind
Marina Pirot développe des ateliers IBM - Intermission Body Mind : des modules de dispositions corporelles conçus comme des partitions artistiques proposées à des milieux-partenaires.
Un lieu, base d'appui, Kerminy https://kerminy.org qui se définit à l'aune de la décroissance, travaille le dialogue body-mind avec les plantes compagnes de ce milieu.
IBM est un travail de recherche-création qui retourne le mind-body problem par des temps d'intermède, de pause,“intermission”, entre-actes. IBM questionne les pratiques du mouvement non pas comme actions corporelles mais comme interactions avec le monde et ses existants.
technologies libres du corps
Pensé comme des technologies du corps participant à un outillage perceptif proposant une réhabilitation du sensible, IBM fabrique ses propres instruments, dispositifs, protocoles et postule que par l'écologie perceptive naissent des valeurs esthétiques et éthiques. Le travail d'IBM promeut les pratiques de l'art libre qui retournent la question du copyright (en clin d'oeil, la société IBMR est n°1 en nombre de dépots de brevets!). Les modules IBM en “art libre” sont des protocoles sous licence art libre. Cette recherche modulaire autour du « mind-body problem » ou connexion corps-esprit est explorée par des exercices pratiques (issues de techniques des somatiques). Elle s'ancre sur les questions d'esthétique du champ de la phénoménologie (Merleau-Ponty) et du Body-Mind (Dewey, Shusterman, Cerclet). IBM convoque également les outils théoriques de l'éco-somatique (Ginot/Clavel).
Quelques partitions IBM
IBM - grenouilles - asian squat
ici - des parades - comme un rdv aquatique à écouter, reproduire, écouter se reproduire en chantant, les grenouilles, écouter et laisser nos appareils entrer dans nos oreilles, participer au canal d'écoute des des grenouilles, ces amphibiens souvent terrestres en Europe, les crapauds eux sont strictement aquatiques : plus de 3800 espèces à eux 2 (enfin au siècle dernier) ils se multiplient, s'appellent, se sentent, en ce moment, au printemps déjà bien consommé. Si on s'accroupit en grenouille, à la japonaise on dit “s'asseoir en squat ”: c'est à dire sur les talons, sans poser les fesses par terre, bien campés sur les pieds ; mais le “western squat”, chez nous, c'est tenter cette posture avec notre squelette de l'ouest, et ça demande parfois une petite préparation : prêts à squatter? Se secouer un peu la tête, le bassin, le tourner, les fesses aussi, les jambes, en secouer une puis l'autre, plier/déplier les genoux, écarter ensuite les pieds au sol largeur des hanches, et puis les ouvrir plus large exprès, pour y passer les fesses entre, tout en pliant les genoux ; et c'est là que ça se corse : tenter de frôler l'herbe ou la terre avec son derrière - le secret : allonger la tête et les bras - poser les mains où elles veulent bien, l'appareil les suivra, poser par terre par exemple et laisser chanter les oreilles, écouter… Astuce : les bras, loin devant, ils peuvent aussi faire balancier en tenant l'appareil avec les 2 mains, c'est selon… Le mâle coasse en gonflant d'air un sac vocal situé dans sa gorge pour attirer la femelle. La grenouille femelle pleine d’œufs prêts à être fécondés s’approche des zones humides où les mâles font jouer leur gorge. Elle se guide à l’oreille, il lui faut du son – et du bon – pour choisir son partenaire, les meilleurs gènes pour sa future progéniture! En discussion avec Achille, les talons, chercher à ne pas se percher sur les orteils…les talons, le sol, en discussion ; si c'est plus évident, poser les fesses et laisser les mains au milieu des pieds est déjà pas mal ou déjà fait peut être. L'asian squat, est une position pour manger, taper la causette, attendre le bus, mais nous ne sommes pas égaux devant les tendons! Attendre le tram en squat, à l'arrêt couvert, près du petit banc, me ferait-il entendre les grenouilles? les ligaments internes du tarse rappellent à l'ordre, occidental, souvent. Si on cherche à toucher le sol de ses fesses, c'est pour la colonne, le tube du dos : étirer, relier la petite queue du coccyx au sommet du crâne ; il peut y avoir ce passage délicat, la courbure de la nuque, des micros oscillations de la nuque couplées à des petits sauts des épaules, peuvent faire descendre, ce qu'on peut, ou suffire à rappeler cette quantité de ligaments dans cette zone, courbe, D'où vient cette tendance à oublier les courbures, les arbres s'en souviennent bien eux, l'eau… La femelle grenouille préfère les voix non seulement graves mais soutenues, preuve de bonne santé et d'endurance masculine dans les efforts à venir. On entend les coassements de manière discontinue, parfois toute la nuit. Trois types d’anoures communiquent ainsi : le crapaud, la rainette et la grenouille. A chaque espèce son chant, cela permet à la femelle de ne pas se diriger vers d’autres mâles. Une répétition de coassements rapides, le chant d’un coassement unique et long répété avec lenteur. Les grenouilles chantent la bouche fermée les sacs vocaux se gonflent autour de leur gorge. Le son peut monter à une centaine de décibels et être entendu jusqu’à un kilomètre. Nos appareils peuvent aussi être s'éloigner du nez, tenu des 2 mains, ou les bras tendus en avant un instant écartent aussi nos flancs, les côtés, les cottes flottantes on parle des “déplacements en singe”, dans certaines pratiques d'est et d'ouest, on peut en effet se déplacer comme ça Ecouter en singe, les parades amphibiennes… Au moyen âge, le mythe d'une pluie de grenouille qui devait tomber du ciel expliquait leur présence impromptue. Sur la montagne Kaw, en Guyane, exactement en cette période, aujourd'hui, c'est tout un cortège d'espèces qui arrivent, en même temps, juste après la pluie, certaines espèces discrètes, arboricoles, descendent de la canopée pour quelques heures, pour une “explosive breeding” comme le surnomme les scientifiques, un mur du son de grenouilles explose, environ 4 heures de procréation, un signal acoustique puissant, jusqu'à l'insupportable à l'oreille humaine, des vomissements, pour qui n'a pas les oreilles appareillées à cette écologie-là, qui crache… Les grenouilles de Bouguenais, elles, sont terrestres, leur raffut s'écoute depuis le sol encore un peu boueux. Comment un corps plié comme une grenouille écoute-il ce que raconte cette parade, tout ce qu'un trou d'eau génère? On dit que les hommes grenouilles développent une vision subaquatique, que certains ont senti les ondes de tsunamis arriver ; nos morphologies sont-elle adaptées à notre écologie? Notre position se déplie ; en Asie, on y attendrait le bus, mangerait ou téléphonerait en squat ici on écoute avec le corps plié en squat. arabe squat…
IBM Roseaux
marcher Rencontrer un groupe de roseaux, comme des “massettes” plante herbacée des zones humides, roseau à plume, des sables, des bois, ou des étangs, toute roselière de quelques ampleur est un biotope très riche. trouver une position dans le soleil, le vent, etc (de face, de côté…)
intro : se tenir debout rencontrer les roseaux, leur type, les poils des massettes s'envolent-ils de la tige? Ce sont les fleurs femelles qui libèrent leur semence La proposition est de fermer les yeux puis d'accrocher sa tête à un petit fil suspendu depuis le ciel, depuis l'infini, ou son étoile personnelle, ou quelque mythologie propre que vous cultiver par là-bas ; suspendez-y votre tête ça la soulève un peu, la nuque s'étire, le haut du dos, puis tt le dos, les épaules descendent d'un cran à l'occasion. Les pieds ne sont pas tout à fait posés au sol, une feuille de papier pourrait se glisser dessous. Puisque la tête est accrochée, étirez le dos, la nuque, les jambes d'autant plus, de façon à poser les pieds par terre, ok? faites un petit signe de la main, là où elle est, quand c'est ok pour vous tous les pieds sont au sol? ok, alors on déverrouille les genoux, comme on peut, au-dessus, au-dessous, ou on y pose genouillères on déverrouille aussi le bassin, par des petits mouvements à droite, à gauche, devant, derrière. on secoue un peu les épaules on revient aux pieds on renverse on se renverse c'est à dire que c'est en fait le sol qui soutient nos pieds, ce qui n'est pas tout à fait pareil, il s'agit de la gravité mais tranquillement, rien n'est grave, d'ailleurs on peut tirer un peu nos lèvres à chaque commissure, sur les côtés, doucement, on tire un peu vers les oreilles ça nous fait un léger sourire, et si on inspire en même temps, ça s'écarte tout seul! donc la gravité : ce serait une multitude d'axes qui nous traversent, celui par ex de chaque épaule, ou bien celui du haut du crâne, se rejoignent au point d'attraction au coeur du noyau terrestre comme les faisceaux, les nervures d'une feuille de palmier, par exemple. Les pieds ne sont pas tout seuls avec la gravité, on fait une petite, légère oscillation de tout le corps pour se souvenir de ça. Une petite danse, dirait Steve Paxton Tentons d'exagérer un peu un vacillement d'avant en arrière et/ou droite, gauche, très léger, on laisse danser on se laisse informer par le vent, le soleil, etc.
1- on ouvre les yeux : on se laisse informer par le soleil informer au sens de déformer, mais au niveau celulaire le soleil sur le visage (on ferme les yeux), plus que la vitamine B sur notre peau, si le soleil nous informait au niveau cellulaire, qu'est ce que ce serait? On laisse arriver les sons, se laisse informer par les sons, c'est à dire que les sons déforment notre position et créent du mouvement, des déplacements qu'on laisse faire.
Puis, on choisit de faire de nos contours, de notre peau : des oreilles vibratoires, on se laisse bouger par les sons environnants, le haut du corps réagit aux sons plus aigus : les oiseaux, grenouilles, insectes le bas du corps (les fesses, les jambes, les pieds) aux sons de plus basse fréquence : le périphérique, les voitures, les scooters, le bruit d'un outil au loin, les basses : vers les pieds et tout ça ça bouge, tout seul, les fréquences sonores rencontrent votre matière, votre forme.
Les sons informent et laissent de la place aux autres informations. On dé-focalise les sons, le vent prend le 1er rôle, puis la texture du sol puis les pas, puis le regard des passants, la présence d'un oiseau, de l'arbre qui accompagnent mon mouvement continue, le soleil emprunte, imprime, mais pas au 1er plan.
On retourne aux roseaux, on marche avec une intention de rencontre
on danse avec eux, on est devenu ce qu'ils lâchent, les flocons de semence qui s'envolent jusqu'à tomber au sol la gravité pour eux aussi, pourtant constitués en étoile si fines
on pose les mains sur le sol, toucher ce que nos pieds ne sentent pas tout à fait,
focaliser sur un flocon : sa danse ne tient qu'à un fil qui l'accroche à un brin d'herbe même observation sur un 2d flocon.
on lève la tête, les arbres environnant semblent associés en un réseau entrelâcé, comme les veines réticulaires qui nous constituent. Un système sanguin circule dans le ciel, sans axe.
Quitter les roseaux, cet endroit, comment saluer la rencontre? comment quitter
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